Fontaine de Beaune

Localisation :

Tours, Jardin De Beaune-Semblançay

Dates :

1513

État du batiment :

Partiellement conservé

La fontaine de Beaune, Arcyon37, 2014, Wikimedia commons.
Crédits : Arcyon37 / Wikimedia. Licence : CC BY-SA 3.0

La fontaine de Beaune fut installée sur le carroi de Beaune qui se trouvait à l’angle de la Grand-Rue et de la rue Traversaine, soit aujourd’hui au carrefour de la rue Nationale avec les rues du Commerce et Colbert, en face de l’ancien hôtel de Jean de Beaune. Elle fut réalisée en 1506 et découla de la volonté royale de créer quatre fontaines publiques pour apporter en ville l’eau de Saint-Avertin. Jacques de Beaune offre une partie de son jardin pour installer la fontaine qu’il finance. La place devint publique et elle prit le nom de son bienfaiteur. La construction de la fontaine fut achevée en 1513 et sa réalisation coûta 17 230 l. 14 s. 9 d. [Logeais, 1870, p. 20].

 

Fontaine du Carroi de Beaune, anciennement appelée Fontaine du Grand Marché, à Tours, Karl Girardet, XIXe siècle, gravure extraite de Jean-Jacques Bourassé (dir.), La Touraine, histoire et monuments, Mame, Tours, 1856, p. 84.
Crédits : Numérisation © CESR/Tours / Hélène Quille

 

Elle est l’œuvre de Bastien et Martin François, à qui l’on doit également la tour nord de la Cathédrale Saint-Gatien [Leveel, 1994, p. 200]. Elle présente une cuve octogonale réalisée en pierre noire volcanique de Volvic. Au centre de la cuve s’élève un pilier en marbre de Carrare fourni par Jacques de Beaune. Quatre robinets en laiton permettaient à l’eau de s’écouler tandis qu’un pertuis creusé dans la cuve permettait de l’évacuer. Le pilier, qui fut peint par Jean de Leschallier, dit Le Miste [Grandmaison, 1870, p. 201], est formé d’une superposition de socles de différentes formes. Le décor mêle des éléments héraldiques et un vocabulaire ornemental italianisant. Le sommet en forme de pyramide, aujourd’hui disparu mais que l’on peut voir sur d’anciennes photos, servait au XVIe siècle de piédestal à un Christ en croix avec à ses pieds la Vierge et sainte Marie-Madeleine. Ce calvaire, réalisé en cuivre et paré de feuilles d’or, d’argent et d’émaux, subit l’assaut des protestants en 1562 avant d’être réinstallé l’année suivante [Grandmaison, 1870, p. 201]. Le module supérieur de la colonne en marbre présente quatre porcs-épics, emblème de Louis XII, alternant avec les lettres A et L, les initiales du roi et de son épouse Anne de Bretagne. On retrouve ces lettres plus bas entre des écussons aux armes de la reine (écu couronné, entouré d’une cordelière et orné d’hermine) et du roi (écu couronné et entouré du collier de l’ordre de Saint-Michel). Aux registres suivants sont sculptées les armoiries de la ville (avec trois tours) et celle de Jacques de Beaune (avec trois boules et un chevron). L’œuvre s’inscrit dans la modernité grâce aux formes et aux motifs ornementaux issus de l’architecture italienne de la Renaissance comme les oves et les dards, les volutes, les entrelacs ou les perles et pirouettes. Les pattes de lion ailées (aujourd’hui très endommagées) qui encadrent les blasons de la ville reprennent à l’identique celles du sarcophage du tombeau des enfants de Charles VIII et d’Anne de Bretagne que Jérôme Pacherot avait sculpté quelques années auparavant. Les faces de la cuve présentaient des écussons, aujourd’hui totalement bûchés, au centre d’élégants cadres formés de rinceaux, de couronnes et de rubans. Des doubles pilastres inspirés de l’architecture antique sont disposés aux angles.

La fontaine fut déplacée en 1778 lors du percement de la rue Nationale et installée dans la cour de l’hôtel du Gouvernement jusqu’en 1820, date à laquelle elle rejoignit la place du Grand-Marché [Logeais, 1870, p. 20]. Ce n’est que dans le courant du XXe siècle qu’elle fut installée à sa location actuelle, au sein du jardin de Beaune, entre la rue Nationale et la rue Jules Favre où l’on peut encore admirer les ruines de l’ancien hôtel de Beaune-Semblançay.

 

Bibliographie

Grandmaison Charles-Louis, Documents inédits pour servir à l’histoire des arts en Touraine, Paris, Dumoulin, 1870.
Leveel Pierre, La Touraine disparue et ses abords immédiats, Chambray, C. L. D., 1994.
Logeais M., Histoire des rues de Tours d’après un manuscrit de Logeais appartenant à la Bibliothèque publique […], augmentée d’un nouveau plan général de la ville depuis l’annexion de Saint-Étienne, Tours, Ed. J. Grassien, 1870.


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